Deuxième journée
Il ne fallait pas être en retard, car tout a commencé sur les chapeaux de roues. Trois italiens et un bassiste d’origine coréenne représentants… la Suède car vivant à Göteborg. Un phénomène qui illustre d’ailleurs assez bien l’esprit Emergenza. Un rassemblement d’amoureux de la musique, musiciens et professionnels, presque une famille qui évolue bien loin de l’esprit de chapelle que l’on rencontre si souvent, ici et là. Enfin bref…
Emmecosta pratique un rock aux structures alambiquées, une musique cérébrale qui garde pourtant une véritable spontanéité. A l’instar de groupes comme Radiohead, Muse ou Coldplay (j’ai bien conscience que le fait de mettre ces deux derniers groupes avec le précédent fera bondir les puristes…) ou du chanteur italien des années 70, Lucio Battisti (référence clairement revendiquée), on sent vibrer chez ces jeunes garçons l’amour des mélodies finement ciselées et le désir de sortir des sentiers battus. Pour simple exemple les circonvolutions, chargées de delay, du guitariste Alfonso Fusco qui feront tourner bien plus d’une tête. Vous l’aurez compris, Emmecosta fait partie de mes coups de cœur de cette édition.
.
.
La suite marque clairement un creux dans cette journée. Si les irlandais de Kerouac réaliseront la prestation la plus musclée de ce festival, l’ensemble reste malheureusement assez linéaire. On est pourtant encore bien loin de l’ennui que l’on éprouvera à l’écoute des allemands de Café Jazz et leur fusion jamiroquailleuse dans une version teutonne… qui plaira néanmoins à une partie du public. Les biélorusses du No Comment Band séduiront par le charme et le décalage très 80’s de leurs chansons, quand Cours Toujours (Canada) en acoustique aura du mal à se tirer du piège de la scène en pleine air, enchaînant les approximations. Le jury technique remarquera néanmoins le talent de Laurianne Vézina, prix de la meilleure chanteuse.
.
.
Mais cette deuxième journée allait se terminer par un tout autre niveau. Tout d’abord avec les toulousains de Ruby Cube qui malgré leurs seize ans enchaînent les tubes avec une insolence déconcertante. Dans la droite lignée de Two Door Cinema Club, et sans avoir à rougir de cette comparaison, leur rock à danser en fait se trémousser plus d’un dans la terre boueuse de Taubertal, récoltant l’approbation aussi bien d’un public enthousiaste que du jury (3e place et meilleur guitariste). On attend avec impatience un premier enregistrement digne de ce nom; ne les ratez pas, en tout cas, sur scène si vous en avez la possibilité !!!
.
.
Une dernière journée qui se termine en fanfare avec Envy, non pas le groupe de screamo japonais qui sera de retour en France le 21 octobre prochain à la Maroquinerie, mais un collectif de hip-hop norvégien de dix musiciens et chanteurs. Tout juste signé par Universal dans son pays, on voit bien que le groupe ne joue pas dans la même catégorie. Professionnels dans un set réglé comme du papier à musique, techniquement souvent impeccable, flows assurés, on regrettera malgré tout un manque d’originalité et l’absence de prise de risque. C’est propre mais ça ne fait pas avancer grand chose. Le jury sera pourtant convaincu du contraire le déclarant grand vainqueur de cette édition…
.
.
Troisième journée.
Ce dernier jour ne changera rien au classement final déjà fortement pressenti. Le temps est superbe et fait oublier les caprices des jours précédents. Les slovaques de Downhill savent sans conteste s’accommoder d’une scène de taille conséquente, dans un rock plutôt testostéroné, qui flirte avec le métal. Malheureusement cela ressemble surtout à de la gonflette pour le moment, mais le groupe pourrait bien faire mal en affinant son songwriting. Des défauts également pour les espagnols de Cyrene qui, malgré l’efficacité de leur power rock et leurs belles gueules, avaient l’air un peu absent sur la scène. Les néerlandais de Knucklesoffrisco terminent enfin ce tour du monde musical par un set tout à fait correct, empochant le prix du deuxième meilleur guitariste.
..
.
Au final, une remise des prix plutôt enjouée, même si saluée par des trombes d’eau (les fameuses giboulées du week-end du 15 août…) et quelques vraies belles rencontres : Ruby Cube, S.H.E. ainsi que LSD on CIA, Emmecosta et LeBelle que l’on retrouve dans cette série d’interviews réalisées backstage par l’équipe d’Emergenza…
.
Voici enfin mon classement (assumé !) comme membre du jury principal :
rang points nom pays
01 (04*) 63 S.H.E. Japon
02 (03) 59 (49**) RUBY CUBE France
03 (06) 52 EMMECOSTA Suède
04 (02) 50 LSD ON CIA Danemark
05 (01) 46 ENVY Norvège
06 (05) 44 LEBELLE Australie
07 (10) 42 NO COMMENT BAND Biélorussie
08 (12) 38 FILTHY WHISKY UK
09 (18) 36 FOOS Italie
10 (16) 34 PROFESSOR GRABOWSKI Allemagne
11 (09) 32 RAG DOLLS Suisse
12 (13) 30 MATHIEU NEIL France
12 (15) 30 KEROUAC Irlande
14 (11) 28 DOWNHILL Slovaquie
14 (14) 28 KNUCKLESOFFRISCO Pays-Bas
16 (17) 26 CYRENE Espagne
16 (07) 26 CAFE JAZZ Allemagne
18 (08) 20 COURS TOUJOURS Canada
* classement général final
** résultat officialisé…
[…] quittés en Allemagne sur la troisième marche du podium de la finale mondiale Emergenza 2011 (lire l’article), nous ayant fait une très forte impression. Les revoici, à peine un mois après, avec leur […]